"Béni par la mer" 14/03 - 24/03 2004
Patrick quitte le froid et le triste temps belge pour un entraînement intensif de 10 jours en mer Rouge. Il arrive à l’aéroport d’Hurghada le 14 mars, chargé de son matériel de plongée libre : corde, parachute…
Vivant en Belgique, il n’a plus été dans l’eau depuis près d’un an et avait pressenti que cette longue période d’inactivité affecterait ses performances. Il s’était donc préparé physiquement et mentalement au cours des deux derniers mois dans le centre de remise en forme. Entre-temps, il avait beaucoup réfléchi à une nouvelle méthode de compensation des oreilles, qui, selon lui, lui permettra un jour de dépasser les 200 mètres ! Une fois à Hurghada, il élabore une nouvelle gueuze et entame l’entraînement. Les premiers plongées ont été nécessaires pour habituer à nouveau son corps à la pression, tester sa nouvelle technique et démarrer une routine avec l’équipe de sécurité supervisée par M. Alaa Eldin.
Au 4ème entraînement, l’équipe était déjà prête pour une plongée de 100 mètres ! Pour l’occasion, Essam et Hitham Mohran, accompagnés de Tarek, ont fermé leur boutique de plongée pour rejoindre l’équipe de sécurité. Une dernière modification apportée au parachute a amélioré son efficacité et lui a permis d’atteindre une vitesse de chute libre de 2,8 m/s. Malheureusement, en raison de circonstances météorologiques et de problèmes logistiques, ils ont dû revoir leur plan et fixer la profondeur maximale à 84 m.
Au 5e entraînement, l’équipe était prête à faire face à toutes les conditions météorologiques. C’était sa dernière plongée avant de s’envoler pour la Belgique. La nouvelle méthode d’égalisation fonctionnait parfaitement et ils avaient une ligne droite de 100 mètres sous le bateau. Une fois que tous les plongeurs ont pris leur position, le compte à rebours a commencé : moins 3 minutes, 2 minutes, 1, Go ! Patrick a fermé les yeux, a pris une grande respiration et s’est immergé.
« …Pour moi, le temps s’est arrêté, j’ai vécu des sensations pures et je pouvais sentir la pression croissante sur chaque centimètre de mon corps. À 40 mètres, Adam Sadek m’a donné le signal. Je me suis détendu et j’ai pu entendre mon cœur battre moins vite. Mes poumons étaient comprimés par la pression, et pourtant, je n’avais pas besoin de respirer…
Une chute de près de 3 mètres par seconde vous met dans un état d’esprit de transition. À 100 mètres, j’ai ouvert les yeux et même sans masque, je pouvais voir et sentir la beauté de la Mer. J’ai ouvert la valve du réservoir et le parachute a commencé à se remplir. Après quelques secondes agréables, la gueuze s’est mise à remonter et m’a ramené à la surface. Après la plongée, alors qu’Alaa et Adam faisaient encore leur palier de décompression à 3 mètres, une belle raie manta est sortie de nulle part et s’est arrêtée à deux mètres de nous. Elle est restée là et nous a fixés pendant un moment. Étonné par sa grâce et sa douceur, je n’ai pas pu retenir mes larmes devant sa beauté ».
« Je me sens béni et j’aime imaginer que la mer m’a envoyé son ambassadeur pour me féliciter et m’inviter à revenir ».